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Requiem ...

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revlan
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Requiem ...

Messagepar revlan » 08 mars 2024 à 17h30

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Claudius
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Messagepar Claudius » 08 mars 2024 à 17h59

Un univers qui s'empare du spectateur ; l'on entend distinctement le requiem. bravo2 bravo2
Toutes mes photos sont parties à la poubelle; c'est une avancée décisive.

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Gadenne
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Messagepar Gadenne » 08 mars 2024 à 18h37

Sans voix, il crie;
sans ailes, il voltige;
sans dents, il mord;
sans bouche, il murmure...
CliClaqueux ordinaire
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Lulu
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Messagepar Lulu » 08 mars 2024 à 19h53

c'est vraiment un monde de mort, la fenêtre sans lumière, c'est fichu, morbide, désespérée , c'est ton monde , ton univers ... un mort vivant ? en fin de vie ? c'est quoi le projet ?
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miguelcervantes
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Messagepar miguelcervantes » 08 mars 2024 à 21h49

Je considère Revlan comme un maître de l’énigme, un enchanteur et un alchimiste. En cela notamment, il me semble unique ici sur RP.

Comme bien d’autres commentateurs, à l’ouverture de ses vignettes, je me demande souvent ce que je vois et ce qu’il a voulu montrer. J’ai rarement sinon jamais de réponse définitive. La magie me semble tenir à cela. Je suis toujours envoûté.

J’ai pourtant quelques repères incontournables.

Contrairement à la majorité des photos présentées ici sur RP, les images de Revlan n’ont jamais de caractère documentaire. En cela il rejoint un autre Rpéen de la première heure : Yves Debruyne alias Scaër, dont l’approche photographique est par ailleurs très distincte. Tous deux sont à mes yeux des photographes « intimistes », soucieux d’exprimer l’intemporel, comme pour « arrêter le temps », figer les aiguilles des horloges. Je dirais qu’ils photographient des « instants d’éternité » : non pas la réalité objective en tant que telle mais ses résonnances dans l’imaginaire humain selon une espèce d’alchimie de l’ombre et de la lumière, avec le constant souci de faire voir leurs images pour ce qu’elles sont : des images, des fantômes, des spectres. Ils font toujours émerger leurs sujets de la lumière et de l’ombre, comme d’une origine, d’une matrice. Dans bien des cas, la lumière dans leurs photos semble émaner des objets, comme s’ils étaient incandescents. Un mot peut-être? Dématérialisation. Un autre? Alchimie.

Ce qui me semble distinguer Revlan de tout autre photographe ici sur RP, c’est notamment le caractère polysémique de ses images, leur ambiguïté, en ce sens qu’elles sont susceptibles de se prêter à plusieurs interprétations. Souvent, seuls leurs titres tracent un chemin pour leur exploration. Et ces titres ne renvoient jamais à aucune réalité objective. Ils évoquent essentiellement des œuvres d’art, des produits de l’imagination : tel poème, tel roman, telle œuvre musicale, tel film, etc.

La production photographique de Revlan me semble aussi se caractériser par sa thématique et la présence récurrente de certaines formes ou figures, entre autres le mannequin, l’escalier, l’horloge et, ici notamment, la fenêtre.

En ce qui concerne la présente photo intitulée Requiem, elle a fait surgir en moi le souvenir d’une œuvre cinématographique de Gus Van Sant : « Last Days », notamment par l’envoûtante étrangeté de sa lumière qui me semble émaner du sol et du plafond, à la manière d’un spectre, d’une apparition, alors que la fenêtre elle-même s’ouvre sur les ténèbres et le néant : nul Soleil, nul étoile.

Du point de vue formel et plastique, je note une bichromie plutôt rare chez Revlan. La grande majorité de ses photos me semblent monochromes, à quelques exceptions près, dont un bien petit nombre d’images polychromes. Je soupçonne qu’il a voulu ici évoquer l’érosion du métal en opposant des tons d’acier (froids) à des tons de rouille (chauds). De plus, le travail sur les textures des matières me semble contribuer beaucoup à l’ambiance.

Encore une fois, je suis admiratif.

C’est toujours pour moi une joie, un enrichissement et une inspiration de découvrir tes créations poétiques ici sur RP, Thierry.

François 1zen 1zen 1zen bravo2

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Jluc
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Messagepar Jluc » 08 mars 2024 à 23h01

Tes images ont quelque chose, c'est certain. super11

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Messagepar Goliath » 09 mars 2024 à 04h15

Elle me prend aux tripes, mais je ne la regarderai pas longtemps, je suis trop optimiste. super2
La photographie c'est la poésie, elle suggère.

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miguelcervantes
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Messagepar miguelcervantes » 09 mars 2024 à 23h25

Goliath a écrit : Elle me prend aux tripes, mais je ne la regarderai pas longtemps, je suis trop optimiste. super2


Je ne dirais pas que je suis optimiste, Paul, mais pas non plus pessimiste. J’ai une ouverture sur une fenêtre donnant sur le rêve.

Les photos de Revlan, selon mon ressenti, me semblent souvent ouvrir une fenêtre sur le rêve et l’Idéal. Ce ne sont pas des « hymnes à la joie », mais des adagios, des musiques lentes, mélancoliques, qui me transportent à bord du navire d’Ulysse, ce navire dans lequel nous voyageons toutes et tous.

La nef vogue, poussée par le vent, et personne n’est maître du vent.

Récemment, un commentateur que j’estime beaucoup, a posé une question : « Quel est ton projet, Revlan? »

Je suis d’avis que Revlan est un explorateur et qu’il n’a d’autre projet que d’exprimer son ressenti, de s’ouvrir à son expérience intime vécue, notamment son récent deuil de son frère (Requiem), et ainsi par ses mots, sa poésie, et l’art, de lutter contre la mort.

Comme bien des artistes, y compris Revlan et toi, Paul, je pense que l’art, la poésie et la musique sont pour nous humains des moyens de lutter contre la mort et le néant, le désespoir et l’ennui, "ce monstre délicat qui dans un bâillement avalerait le monde. »

Revlan est à mes yeux un artiste, comme Baudelaire et Homère, parmi bien d’autres. Et ce faisant il est engagé dans une ouverture, une aventure et en lutte contre la mort.


Ses « adagios », mélancoliques, sont toujours pour moi des ouvertures sur l’exploration, l’aventure et le rêve tout comme l’Odyssée d’Ulysse et bien d’autres récits.

Ulysse, à son retour de son périple en mer, n’a été reconnu que par son chien fidèle, Argos.

Je note que Revlan n’a jamais à ma connaissance évoqué l’Odyssée d’Homère.

Et pourtant je la sens comme un fil d’Ariane dans toutes ses photos, tout comme ses discrètes références au mythe d’Orphée, un musicien descendu aux Enfers dans l’espoir d’en ramener sa bien-aimée Eurydice.

Je pense, Paul, que tout comme Revlan, tu es habité par la musique et la poésie.

François 1zen 1zen 1zen tchin

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Messagepar bozart » 10 mars 2024 à 11h28

miguelcervantes a écrit :
Les photos de Revlan, selon mon ressenti, me semblent souvent ouvrir une fenêtre sur le rêve et l’Idéal. Ce ne sont pas des « hymnes à la joie », mais des adagios, des musiques lentes, mélancoliques, qui me transportent à bord du navire d’Ulysse, ce navire dans lequel nous voyageons toutes et tous.

Je suis d’avis que Revlan est un explorateur et qu’il n’a d’autre projet que d’exprimer son ressenti, de s’ouvrir à son expérience intime vécue, notamment son récent deuil de son frère (Requiem), et ainsi par ses mots, sa poésie, et l’art, de lutter contre la mort.

Ses « adagios », mélancoliques, sont toujours pour moi des ouvertures sur l’exploration, l’aventure et le rêve tout comme l’Odyssée d’Ulysse et bien d’autres récits.



Les évocations de mythes ou de poésie ont sûrement des résonances avec ta sensibilité personnelle François, mais ces interprétations restent fermées sur des concepts généralistes et trop rapidement considérés comme universels : le rêve et l'idéal auraient tout de même une allure peu attractive et les communautés humaines n'auraient pas survécu si elles avaient cultivé autant de noirceur.
Toute photo est le résultat d'une mise en rapport d'une personne et son environnement, d'un contexte précis. Les détails intimes peuvent être une porte d'entrée pour comprendre (mais toute personne a vécu des deuils, des souffrances).
Je mets en cause une esthétisation de la souffrance et de la douleur : héritée du dogme chrétien, prolongée par le romantisme et par une iconographie dont s'est emparé le cinéma, elle est comme un boulet, elle aveugle aussi. J'en ai déjà parlé - un peu -, ce que l'auteur a considéré comme une attaque personnelle : je répète que ce n'est pas le cas, et que je mets en avant une sorte de consensus qui a toujours provoqué ma stupéfaction, autour de l'idée que la mort, la violence, le malheur, ont une irrésistible beauté. Je suis en totale opposition et désaccord avec cette perception.

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miguelcervantes
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Messagepar miguelcervantes » 10 mars 2024 à 23h27

bozart a écrit : Les évocations de mythes ou de poésie ont sûrement des résonances avec ta sensibilité personnelle François, mais ces interprétations restent fermées sur des concepts généralistes et trop rapidement considérés comme universels : le rêve et l'idéal auraient tout de même une allure peu attractive et les communautés humaines n'auraient pas survécu si elles avaient cultivé autant de noirceur.
Toute photo est le résultat d'une mise en rapport d'une personne et son environnement, d'un contexte précis. Les détails intimes peuvent être une porte d'entrée pour comprendre (mais toute personne a vécu des deuils, des souffrances).
Je mets en cause une esthétisation de la souffrance et de la douleur : héritée du dogme chrétien, prolongée par le romantisme et par une iconographie dont s'est emparé le cinéma, elle est comme un boulet, elle aveugle aussi. J'en ai déjà parlé - un peu -, ce que l'auteur a considéré comme une attaque personnelle : je répète que ce n'est pas le cas, et que je mets en avant une sorte de consensus qui a toujours provoqué ma stupéfaction, autour de l'idée que la mort, la violence, le malheur, ont une irrésistible beauté. Je suis en totale opposition et désaccord avec cette perception.


Merci pour ton retour sur mon commentaire ci-dessus, Bozart. Une discussion très intéressante!

Nous sommes toi et moi d’accord que l’appréciation d’une œuvre d’art est toujours tributaire de la sensibilité personnelle de l’appréciateur. Les goûts personnels sont extrêmement variés d’une personne à l’autre, comme en témoigne d’ailleurs les coups de cœur sur RP. De mémoire, aucune photo n’a jamais fait l’unanimité.

Ton commentaire laisse entendre que les photos de Revlan sont en quelque sorte une célébration de la mort et de la souffrance, une réjouissance devant la mort et la souffrance. Je ne les ai jamais senties ainsi. Je les ai toujours vues comme un questionnement sur la mort, un cri devant la mort et la souffrance : « De profundis clamavi! (Des profondeurs, je crie!) »

Ton commentaire laisse aussi entendre que l’évocation de la mort et de la souffrance dans les œuvres d’art (esthétisation) serait héritée du dogme chrétien. Or elle est présente dès les origines de la littérature occidentale, d’abord chez Homère et ensuite dans la tragédie grecque, plus d’un demi-millénaire avant l’ère chrétienne. Les personnages n’en finissent plus d’y souffrir et d’y mourir. La joie et le rire y sont bien rares, si ce n’est dans le rire inextinguible des dieux. Or ces œuvres ont leurs sources dans des mythes encore plus anciens, voire « primitifs ».

Évoquer la mort dans une œuvre d’art, c’est une chose. S’en réjouir, c’en est une autre. C’est à mon avis toujours immoral. Revlan ne se réjouit jamais de la mort. Il s’en attriste profondément. C’est un auteur humaniste.

Tes propos ci-dessus laissent enfin entendre que l’évocation de la mort et de la souffrance dans une œuvre d’art serait une chose incompatible avec la survie d’une société. Or, les œuvres tragiques ont été au cœur de la vie des antiques sociétés grecques qui ont prospéré pendant des siècles et légué leur héritage culturel à l’Empire romain. L’évocation de la mort et de la souffrance y est omniprésente.

Ce qui me semble par contre vrai, c’est que dans nos sociétés modernes occidentales, le sens tragique de la vie tend à se perdre, notamment ici dans le Nouveau Monde, en Amérique du Nord. Le genre littéraire « tragique » me semble y avoir entièrement disparu. Les films américains que nous voyons, par exemple, me semblent le plus souvent des « tragi-comédies ». Et le genre tragi-comique me semble avoir sa source autour de la Renaissance européenne, notamment chez ce grand dramaturge qu’était William Shakespeare, et, en Europe continentale, chez Corneille.

Ce qui à mon avis caractérise notamment la tradition tragique, depuis au moins Sophocle (environ 500 ans avant notre ère) jusqu’au moins à Racine (XVIIe siècle de notre ère), c’est l’absence de réjouissance, de joie et de rire, associée à l’omniprésence de la mort et de la souffrance, y compris le deuil. Voilà un héritage qui remonte bien loin dans le temps. Le poète Charles Baudelaire, notamment, dans ses Fleurs du Mal, s’en est fait l’écho.

François merci4 tchin

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Messagepar revlan » 11 mars 2024 à 19h51

Lulu a écrit : c'est vraiment un monde de mort, la fenêtre sans lumière, c'est fichu, morbide, désespérée , c'est ton monde , ton univers ... un mort vivant ? en fin de vie ? c'est quoi le projet ?


Lulu le projet ?
Je photographie à l’instinct et je travaille ma photo selon mon ressenti et donc je suis ma musique de l’instant qu’elle soit sombre ou ensoleillée ..
Mais il est vrai que le soleil noir de la mélancolie fait partie de moi.

bozart a écrit :
miguelcervantes a écrit :
Les photos de Revlan, selon mon ressenti, me semblent souvent ouvrir une fenêtre sur le rêve et l’Idéal. Ce ne sont pas des « hymnes à la joie », mais des adagios, des musiques lentes, mélancoliques, qui me transportent à bord du navire d’Ulysse, ce navire dans lequel nous voyageons toutes et tous.

Je suis d’avis que Revlan est un explorateur et qu’il n’a d’autre projet que d’exprimer son ressenti, de s’ouvrir à son expérience intime vécue, notamment son récent deuil de son frère (Requiem), et ainsi par ses mots, sa poésie, et l’art, de lutter contre la mort.

Ses « adagios », mélancoliques, sont toujours pour moi des ouvertures sur l’exploration, l’aventure et le rêve tout comme l’Odyssée d’Ulysse et bien d’autres récits.



Les évocations de mythes ou de poésie ont sûrement des résonances avec ta sensibilité personnelle François, mais ces interprétations restent fermées sur des concepts généralistes et trop rapidement considérés comme universels : le rêve et l'idéal auraient tout de même une allure peu attractive et les communautés humaines n'auraient pas survécu si elles avaient cultivé autant de noirceur.
Toute photo est le résultat d'une mise en rapport d'une personne et son environnement, d'un contexte précis. Les détails intimes peuvent être une porte d'entrée pour comprendre (mais toute personne a vécu des deuils, des souffrances).
Je mets en cause une esthétisation de la souffrance et de la douleur : héritée du dogme chrétien, prolongée par le romantisme et par une iconographie dont s'est emparé le cinéma, elle est comme un boulet, elle aveugle aussi. J'en ai déjà parlé - un peu -, ce que l'auteur a considéré comme une attaque personnelle : je répète que ce n'est pas le cas, et que je mets en avant une sorte de consensus qui a toujours provoqué ma stupéfaction, autour de l'idée que la mort, la violence, le malheur, ont une irrésistible beauté. Je suis en totale opposition et désaccord avec cette perception.


Bozart je ne mets jamais en avant mes sentiments personnels ni d’ailleurs des évocations religieuses dans mes photos.
Je laisse à chacun la liberté de ressentir ou pas de l’émotion. L’émotion ou l’histoire que peut évoquer ma photo appartient à qui veut bien se l’approprier dans son univers et/ou dans son ressenti du moment.
Mes titres m’appartiennent mais ne sont pas des dogmes bien évidemment.
Je vois dans la photographie comme un poème…
La poésie et la photographie peuvent évoquer des sentiments intenses chez le spectateur ou le lecteur. Elles utilisent respectivement le langage et la lumière, la composition, et la texture pour communiquer des états d’âme ou des atmosphères.
Les poètes utilisent le langage figuratif pour ajouter de la profondeur à leurs écrits, tandis que les photographes peuvent utiliser des objets, des ombres, ou des compositions pour symboliser des idées plus larges, créant des couches de signification ou de ressenti.
Alors oui mon univers peut paraître sombre et particulier mais il est le reflet de mon âme et de ma sensibilité à la poésie et notamment Baudelaire.

François parvient à « lire » mes photos à travers mes maux mais d’autres y sont sensibles également et cela me ravit.

Merci à tous ceux qui sont passés ici …

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miguelcervantes
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Messagepar miguelcervantes » 11 mars 2024 à 21h24

revlan a écrit : Lulu le projet ?
Je photographie à l’instinct et je travaille ma photo selon mon ressenti et donc je suis ma musique de l’instant qu’elle soit sombre ou ensoleillée ..
Mais il est vrai que le soleil noir de la mélancolie fait partie de moi.


Une bonne réponse à une bonne question super11

Je crois que bien des artistes, sinon la plupart, à l’exception peut-être des architectes, n’ont pas de projet : ils ne travaillent généralement pas à partir d’une intention ou d’un plan. Il arrive toutefois, dans la mesure où ils sont authentiques, que leurs créations semblent obéir à certaines règles ou lois. Mais celles-ci bien souvent sinon toujours sont soumises à une loi suprême que le peintre Kandinsky a appelée la « nécessité intérieure ». Revlan dit qu’il « suit sa musique ». C’est cela exactement, dit en peu de mots.

Il est vrai par contre que certains artistes ont un projet, une intention, un message à diffuser ou une commande à remplir selon des critères qui leur sont extérieurs. Ce ne me semble pas être le cas de Revlan, ni de Baudelaire par exemple.

Un grand écrivain et philosophe du XXe siècle, feu Jean-Paul Sartre, a mis de l’avant l’importance du projet. Ses œuvres littéraires semblent souvent être en quelque sorte des illustrations de son projet. On lui a souvent reproché d’intellectualiser l’art en le mettant au service d’une certaine philosophie.

Ici, sur RP, je ne connais pas grand photographes qui aient un projet, sinon la volonté de s’ouvrir à ce qui s’offre à leurs yeux, parfois dans un but documentaire, parfois aussi, comme chez Revlan, en tant qu’expression des résonnances intimes que leurs sujets ont en eux, dans leur sensibilité, leur âme et conscience.

On a un jour demandé à Picasso de parler de sa « recherche ». Il a répondu : « Je ne cherche pas, je trouve. »

Il est par contre vrai que nos institutions d’enseignement des arts plastiques aujourd’hui ont tendance à exiger d’un artiste qu’il justifie intellectuellement sa démarche, son « projet ». À mon avis, une telle exigence a rebuté bien d’authentiques artistes.

La valeur et l’impact d’une œuvre d’art, à mon avis, ne tient pas à un discours. Lulu sera sans doute d’accord avec moi sur ce point.

Les discours sur les œuvres d’art n’en sont pas moins intéressants dans la mesure où ils peuvent ouvrir notre regard sur de nouveaux horizons.

En ce qui concerne Revlan, par exemple, son usage des mots est minimaliste. Il se limite presque toujours à un titre susceptible de plonger le regardeur dans une rêverie.

Quant au Soleil noir, évoqué par Revlan dans sa réponse succincte ci-dessus, il est en lui et je crois qu’il se manifeste aussi dans la conscience de tout être humain, notamment dans les moments de deuil et face à un destin incompréhensible. Tel est à mon avis la grandeur des tragédies grecques.

À mon avis, il n’est pas nécessaire qu’un artiste ait un « projet ». Il suffit qu’il soit à l’écoute de ce qui se manifeste dans son champ de vision et dans sa conscience.

Tout comme Lulu, je questionne l’intellectualisation de l’Art.

Les discours ne valent pour moi que dans la mesure où ils ouvrent notre regard et élargissent nos horizons.

Plus mon regard s’ouvre et plus mes horizons s’élargissent, plus je suis en mesure d’apprécier les œuvres d’art dans leur grande diversité.

Un célèbre historien de l’art, au XXe siècle, Ernst Gombrich, a dit qu’il n’y avait jamais de mauvaises raisons d’aimer une œuvre d’art.

Je crois qu’une œuvre d’art nous parle ou nous séduit dans la mesure où elle a des résonnances en nous.

C’est parfois un cri qui nous bouscule :

munch-le-cri.jpg
munch-le-cri.jpg (53.85 Kio) Consulté 37 fois


Merci Thierry et merci à tous les membres qui laissent un mot sur tes fils merci4 J'apprécie ces échanges intéressants, questionnants et respectueux.

François 1zen 1zen 1zen tchin

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Messagepar bozart » 11 mars 2024 à 22h50

miguelcervantes a écrit :
Ton commentaire laisse entendre que les photos de Revlan sont en quelque sorte une célébration de la mort et de la souffrance, une réjouissance devant la mort et la souffrance.


Non, non, je ne dis pas ça. Je ne parle pas de célébration, ou de réjouissance et je ne suis pas dans la tête de Revlan pour affirmer quelque chose d'aussi intime !
Ma remarque se voulait plus généraliste : le constat, toujours stupéfiant pour moi, d'entendre parler de la souffrance comme d'une valeur qui prend des accents positifs en raison de l'esthétisation qu'on peut en faire.

miguelcervantes a écrit : Tes propos ci-dessus laissent enfin entendre que l’évocation de la mort et de la souffrance dans une œuvre d’art serait une chose incompatible avec la survie d’une société.


Non plus, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Ce n'est pas l'évocation qui pose problème, mais les valeurs que ce type de représentation vont véhiculer : elles seront mises en mots le plus souvent, en injonctions aussi, mises en garde ou autre, mais pas forcément dans le sens de la vie.
La souffrance fait partie de la vie, mais en elle-même elle ne contient pas de force ou d'aspect positif.

revlan a écrit :Bozart je ne mets jamais en avant mes sentiments personnels ni d’ailleurs des évocations religieuses dans mes photos [...]


Merci à toi pour toutes tes précisions, elles sont très claires.

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Messagepar miguelcervantes » 11 mars 2024 à 22h58

bozart a écrit :
miguelcervantes a écrit :
Ton commentaire laisse entendre que les photos de Revlan sont en quelque sorte une célébration de la mort et de la souffrance, une réjouissance devant la mort et la souffrance.


Non, non, je ne dis pas ça. Je ne parle pas de célébration, ou de réjouissance et je ne suis pas dans la tête de Revlan pour affirmer quelque chose d'aussi intime !
Ma remarque se voulait plus généraliste : le constat, toujours stupéfiant pour moi, d'entendre parler de la souffrance comme d'une valeur qui prend des accents positifs en raison de l'esthétisation qu'on peut en faire.

miguelcervantes a écrit : Tes propos ci-dessus laissent enfin entendre que l’évocation de la mort et de la souffrance dans une œuvre d’art serait une chose incompatible avec la survie d’une société.


Non plus, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Ce n'est pas l'évocation qui pose problème, mais les valeurs que ce type de représentation vont véhiculer : elles seront mises en mots le plus souvent, en injonctions aussi, mises en garde ou autre, mais pas forcément dans le sens de la vie.
La souffrance fait partie de la vie, mais en elle-même elle ne contient pas de force ou d'aspect positif.

revlan a écrit :Bozart je ne mets jamais en avant mes sentiments personnels ni d’ailleurs des évocations religieuses dans mes photos [...]


Merci à toi pour toutes tes précisions, elles sont très claires.


Merci à toi, Bozart, pour ces intéressantes et utiles précisions.

François merci4 tchin


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