Thierry, tes photos m’interpellent et m’inspirent, chaque fois, et cette dernière ne fait pas exception.
Je l’ai déjà dit et je le répète.
Certains ici ont suggéré que j’avais une approche « intellectuelle » à l’égard de tes photos. C’est faux.
C’est toujours pour moi au niveau du ressenti que tout se passe. Mes discours et commentaires viennent ensuite. Et je les remets toujours en question, notamment dans le cadre de mes échanges avec toi et avec les autres commentateurs.
Plusieurs commentateurs sur tes fils ont dit : « Je ne comprends pas, mais ça me parle. » Je suis du nombre.
Plusieurs commentateurs ont également écrit sur tes fils que tes photos suscitaient en eux un malaise. Je ne suis pas du nombre.
À mon avis, selon mon ressenti, tes photos témoignent toujours d’un dialogue, d’une dialectique, entre le Spleen et l’Idéal, notamment d’un souci esthétique.
En l’occurrence, dans ta présente photo, je vois un feu d’artifice qui éclate dans l’ombre, des éclats de lumière qui montent vers le ciel à la verticale, comme des fusées à la conquête de l’espace.
Je note que le thème des « Paradis perdus » est récurrent dans tes photos. Et aussi que tu es ici sur RP le seul à évoquer ce thème originel et essentiel. De grands écrivains et poètes avant toi l’ont fait, par exemple Milton (Paradise Lost, XVIIe siècle) et Balzac (Les Illusions perdues, XIXe siècle).
Il a été dit sur tes fils que tes photos suggéraient une « vision glauque » de la condition humaine. On pourrait dire la même chose de toutes les tragédies grecques classiques, y compris l’ensemble des œuvres du dramaturge Shakespeare.
À mon avis, selon mon ressenti, il y a de la beauté dans les tragédies grecques et dans les œuvres de Shakespeare, tout comme dans tes photos, Thierry. C’est justement ce souci de beauté qui témoigne d’un Idéal.
Comme je l’ai déjà dit souvent, être artiste ou poète, c’est à mon avis lutter contre la mort, comme l’a d’ailleurs écrit un de nos grands peintres canadiens.
Tes photos sont pour moi comme des éclaircies dans la profondeur des ombres qui se manifestent en nous : De profondis clamavi («Des profondeurs, je crie. »
Le jour, Thierry, où tu ne trouveras plus rien de beau, tu cesseras de faire de la photo. Tu cesseras de lutter contre la mort.
J’espère que ce jour ne viendra jamais.
Avec mes respects et toute mon admiration.
François